Reprise de prothèse du genou

Une prothèse totale de genou se compose de 4 pièces :

• la pièce tibiale
• la pièce fémorale
• la pièce rotulienne
• une pièce intermédiaire plastiforme, entre le tibia et le fémur, qui assure le coulissement de la prothèse

Sa stabilité est garantie par les ligaments entre le fémur et le tibia. L’ensemble des tendons entre les muscles et les os contribuent à son bon fonctionnement, surtout l’appareil extenseur composé du quadriceps, du tendon rotulien et de la rotule.

Au fil du temps, la pièce intermédiaire s’use, ce qui peut abîmer la fixation de la prothèse à l’os. Il existe alors une détérioration progressive de sa tenue dans l’os, menant petit à petit à un descellement de la prothèse (une mobilité de la prothèse vis-à-vis de l’os).

Outre le processus d’usure naturelle, certaines causes peuvent précipiter ce phénomène, comme une infection chronique de la prothèse ou encore un positionnement imparfait de celle-ci. Le délai d’usure est alors raccourci par rapport à la durée de vie naturelle.

Le descellement et l’usure de prothèse du genou provoquent une boiterie, des douleurs, une raideur et une possible déformation de la jambe, invalidant progressivement les fonctions du membre inférieur. L’usure et le descellement deviennent de plus en plus avancés, entraînant une souffrance osseuse de plus en plus grande. L’os de la prothèse s’affine et il y a un risque de fracture.

En présence d’une gêne et d’une douleur croissante, des examens d’imagerie sont réalisés. Une radiographie, un scanner ou une scintigraphie osseuse permettent de confirmer le diagnostic. Il faut alors remplacer la prothèse.

La chirurgie de reprise de prothèse du genou est pratiquée afin d’enrayer au plus tôt la dégradation osseuse en retirant l’ancienne prothèse pour la remplacer par une nouvelle.

L’opération permet de soulager les douleurs et de récupérer les fonctions normales de la mobilité de la jambe. Le patient peut alors reprendre la marche et ses activités habituelles.

Cette intervention dure habituellement entre 2 et 3 heures et nécessite une hospitalisation d’environ 7 jours.

Elle est pratiquée sous anesthésie générale ou locorégionale, selon les recommandations du médecin anesthésiste rencontré avant l’opération, et en fonction de vos préférences et de votre état de santé général.

Le chirurgien reprend l’incision réalisée pendant la première chirurgie, ce qui évite de multiplier les incisions et donc, les cicatrices visibles. Il crée ensuite un passage à la partie interne de la rotule pour accéder à la prothèse.

Après l’ablation des implants défectueux, il nettoie tous les débris de l’usure et réalise de nouvelles recoupes en zone osseuse. Le fémur, le tibia et la rotule sont préparés pour recevoir le nouvel implant.

En fonction de l’étendue de la destruction osseuse, le chirurgien peut recourir à l’utilisation de cales métalliques fixées à la prothèse ou à une greffe osseuse afin d’assurer le bon positionnement de la prothèse. Sa bonne tenue est renforcée par un ancrage supplémentaire à l’aide de tiges d’extension dans le fémur et le tibia.

En cas d’atteinte des ligaments qui permet la stabilité de la prothèse ou de destruction osseuse importante, le chirurgien opte pour l’utilisation d’une prothèse dite charnière. La pièce fémorale et la pièce tibiale sont alors liées pour stabiliser le genou. Ceci augmente les contraintes au niveau de l’os et demande la mise en place de tiges longues au fémur et au tibia pour renforcer la bonne tenue de la prothèse dans l’os.

Chez certains patients, il faut écarter la rotule pour avoir une bonne exposition opératoire. Le praticien réalise alors une section de la tubérosité tibiale antérieure, où s’insère le tendon rotulien. La rotule est ensuite remise en place avec deux vis en fin d’opération.

Si le descellement est causé par une infection chronique, la chirurgie de reprise de prothèse devra respecter un délai d’attente d’environ 6 semaines. Durant cette période, une prothèse d’attente dite Spacer est posée pour laisser l’os cicatriser et guérir grâce aux antibiotiques.

En fin d’opération, le chirurgien met en place un pansement stérile.

Un traitement de la douleur est instauré. Il sera surveillé tout au long de la période de convalescence. Le patient devra porter une attelle de Cryothérapie pour éviter l’œdème et les douleurs. Elle est notamment mise en place en cas de transposition de la tubérosité tibiale antérieure pour immobiliser et de protéger le genou.

Dès le lendemain de la chirurgie, le kinésithérapeute vous aide à vous lever et marcher. L’utilisation de cannes est recommandée durant les premiers jours, mais elle est rapidement abandonnée au fur et mesure de la convalescence. Dès le 3e jour, vous serez en mesure de monter et descendre les escaliers.

Un centre de rééducation est habituellement nécessaire après l’opération. L’objectif est de réduire les douleurs, de maintenir la souplesse et la mobilité du genou. Dans un second temps, la rééducation permet de récupérer la masse musculaire et les sensations dans le genou.

La reprise de la conduite automobile est possible au 2e mois. Celle du travail est habituellement possible dès le 3e mois, en fonction de votre profession (un poste sédentaire de bureau peut être repris plus rapidement).

En cas de section de la tubérosité tibiale antérieure, l’attelle doit être portée pendant 6 semaines, ce qui décale de quelques semaines la reprise des activités.

La durée de vie moyenne d’une prothèse de genou est d’une vingtaine d’années. Les matériaux utilisés sont sans cesse améliorés, ce qui laisse présager une durée de vie encore plus longue dans un futur proche.

Les résultats obtenus avec ce traitement chirurgical sont très encourageants puisque le patient voit disparaître ses douleurs. Il récupère rapidement sa force musculaire et sa mobilité. Il peut marcher de façon normale, sans boiter, au cours du 2e mois.

Beaucoup de patients oublient qu’ils portent une prothèse de genou. Cependant, il est recommandé d’éviter les sports violents (ski, tennis, course à pied…) et les travaux de force qui peuvent provoquer une usure prématurée.

En revanche, certaines activités comme le vélo, la natation, le golf ou la randonnée sont possibles, voire conseillées.

Outre les risques imputables à l’anesthésie durant toute opération chirurgicale, il existe des risques, rares, mais possibles, inhérents à cette chirurgie du genou.

Ceux-ci peuvent se manifester par :

• un hématome pouvant nécessiter une évacuation ou une transfusion en cas de saignement trop important ;
• une infection, de manière très exceptionnelle (ce risque ne représente que 1 % dans notre établissement de soins), complication sévère nécessitant la prescription d’antibiotiques de longue durée et le changement de la prothèse. Le risque est plus important dans la reprise de prothèse que dans la pose initiale de la prothèse. Un traitement antibiotique est donc programmé systématiquement pendant plusieurs jours. Si le descellement de la prothèse est provoqué par une infection, le traitement sera pris pendant plusieurs mois ;
• une atteinte des nerfs entourant le genou, pouvant occasionner douleurs, perte de sensibilité de certaines parties de la jambe ou faiblesse du membre inférieur ;
• une phlébite, nécessitant la prise d’anticoagulants et le port de bas de contention de manière préventive ;
• une fracture du tibia ou du fémur et une fragilisation de l’appareil extenseur (apparaissant pendant l’opération) nécessitant un traitement spécifique.

Cette liste de complications est non exhaustive et peut varier d’un patient à l’autre. Le Dr Polle vous donnera toutes les informations nécessaires et se tiendra à votre disposition pour évoquer avec vous les inconvénients et les risques de cette opération du genou.